Nouvelle arnaque au président : cinq suspects franco-israéliens passibles d’extradition vers Paris

Soupçonnées d’avoir escroqué de nombreuses entreprises au cours des derniers mois, cinq personnes dont trois binationaux ont été interpellées en Israël et pourraient être extradées vers l’Hexagone. Après l’«arnaque au président», voici l’«arnaque aux sous-traitants». Fin juin, cinq personnes dont trois Franco-Israéliens ont été interpellées à Netanya, petite station balnéaire du nord de l’Etat hébreu, en pleine exécution d’une fraude sophistiquée. Selon des sources officielles israéliennes jointes par Libération, les suspects, quatre hommes et une femme, contactaient des entreprises françaises en se faisant passer pour des agents de l’administration fiscale soucieux d’obtenir des informations sur leurs sous-traitants, dans le cadre d’un prétendu calcul de TVA. Une fois cette information obtenue, ils attendaient quelques jours pour rappeler l’entreprise et se faisaient passer cette fois pour l’un des sous-traitants en question, qui demandait que les virements soient effectués sur un nouveau compte bancaire. Les aigrefins se sont fait pincer par la police israélienne lors de la dernière phase de l’opération, dans le petit appartement qui servait de centrale d’appel. Son locataire, Ethan T., 54 ans, déjà condamné en France pour escroquerie, apparaît comme le cerveau de l’opération. Les quatre autres, âgés de 24 à 36 ans et sans antécédents judiciaires, auraient été recrutés dans l’importante communauté franco-israélienne de Netanya pour leur connaissance de la langue et leur agilité à travestir leur identité. Sociétés fantômes La bande n’en était pas à son coup d’essai. Toujours selon des sources officielles, les premiers forfaits identifiés remontent au mois de mars, au début du confinement. Profitant de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, les suspects sollicitaient des entreprises françaises pour leur vendre du matériel médical, notamment du gel hydroalcoolique, des gants et des masques, qui faisaient alors cruellement défaut. Pour piéger leurs interlocuteurs, ils utilisaient un logiciel permettant d’afficher un numéro de téléphone français tout en appelant de l’étranger. Une fois les cibles ferrées, les commandes passées et les virements effectués, les sociétés fantômes se volatilisaient sans avoir honoré la moindre livraison. Au moins 190 000 euros auraient ainsi été détournés avant d’être transférés sur des comptes bancaires ouverts sous de fausses identités au Royaume-Uni et au Portugal. Une procédure d’extradition a été lancée contre les cinq suspects dans la foulée de leur arrestation. Le département international du parquet général de Jérusalem a déposé lundi une requête en ce sens auprès du tribunal de district de la ville. L’Etat hébreu ayant signé la Convention européenne d’extradition, la France a officiellement quarante jours pour communiquer sa demande et les pièces requises aux autorités israéliennes, à compter de l’ouverture du dossier. Mais l’affaire de Netanya illustre une nouvelle approche judiciaro-policière dans les affaires visant des binationaux. Désormais, dès qu’une infraction grave est identifiée, les deux pays ouvrent une enquête et mutualisent leurs preuves. Ensuite, en fonction des éléments recueillis, les suspects sont poursuivis dans le pays le plus légitime pour les juger, en général celui où les victimes sont les plus nombreuses : en l’occurrence la France où, selon nos informations, l’affaire a été confiée à la nouvelle Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco). Signal fort Cette affaire intervient alors que deux autres Franco-Israéliens font actuellement l’objet d’une procédure d’extradition. Interpellés en avril à Ra’anana, ils sont suspectés d’avoir escroqué plus d’une vingtaine de sociétés françaises, sur le modèle plus classique de l’«arnaque au président» : selon les enquêteurs, ils téléphonaient à des employés du service comptabilité en se faisant passer pour le patron de l’entreprise ou un de ses avocats, avant de leur demander d’effectuer discrètement des virements pour de prétendus projets confidentiels. Longtemps considérées comme l’apanage d’une poignée de fraudeurs chevronnés, ces escroqueries aux variantes multiples se sont multipliées ces dernières années dans la communauté franco-israélienne. En extradant ses ressortissants plus facilement que par le passé, le pays cherche aussi à adresser un signal fort aux apprentis escrocs tentés par la martingale. Si Ethan T. et les autres suspects consentent à leur extradition, ils pourraient être renvoyés en France dans les prochaines semaines pour y être jugés. Dans le cas contraire, la procédure peut durer jusqu’à un an. Source : Libération

Virement, cagnotte, carte bancaire…. Ces arnaques boostées par le confinement

Fausses identités, faux ordres de virements mais aussi fausses cagnottes d’entraide… Les autorités ont constaté une augmentation massive des arnaques en ligne pendant le confinement. Florilège de ce qu’il faut savoir pour ne pas être piégé. L’épidémie de Covid-19 s’est accompagnée d’une recrudescence de fraudes et d’escroqueries, notamment en ligne. Pour faire face au phénomène, sept ministères ont mis sur pied une Task-Force de lutte qui enquête et distribue ses conseils pour mieux se prémunir contre des fraudes très variées qui visent autant les consommateurs que les entreprises. Faux ordres de virement bancaire Depuis 2010, plus de 3 000 escroqueries ou tentatives d’escroqueries aux faux ordres de virement à l’étranger ont visé des sociétés implantées en France pour un préjudice d’environ 750 millions d’euros. Si on y ajoute les tentative de fraudes, le montant grimpe à plus de 1,8 milliard d’euros. Il est recommandé de se méfier de trois techniques, très souvent utilisées : Le changement de RIB : de nouvelles coordonnées bancaires sont adressées par courrier électronique avec des caractéristiques de messagerie très proches de celles du fournisseur ou de l’interlocuteur habituel. Un peu d’inattention et le tour est joué. La fausse identité : les fraudeurs usurpent l’identité du dirigeant, d’un responsable de la société ciblée ou encore d’une personnalité publique pour soutirer de l’argent à l’entreprise. Il y a récemment eu un procès contre des escrocs qui ont pendant deux ans utilisé l’identité du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Le lien frauduleux : un lien contenant un logiciel espion invite à se connecter sur le portail de la banque gestionnaire des comptes et à composer les identifiants et codes d’accès. De faux ordres de virement sont alors établis, les mots de passe modifiés, privant les services comptables de toute vérification de leur trésorerie. Gare au hameçonnage Le rapport donne un exemple simple : lors d’une navigation sur Internet, vous êtes interrompu par un message d’alerte. Celui-ci, relativement habituel et qui reprend à la perfection les codes graphiques de votre ordinateur, incite la victime à contacter un service de support technique via téléphone. Cette méthode, c’est de l’hameçonnage (ou phishing en anglais), une technique frauduleuse destinée à leurrer l’internaute pour l’inciter à communiquer des données personnelles ou bancaires via de faux message, SMS ou appel téléphonique de banques, de réseau sociaux, d’opérateurs de téléphonie, de fournisseurs d’énergie, de sites de commerce en ligne, d’administrations. Pour se prémunir, il est essentiel de se méfier des contacts inconnus, de bien lire l’intégralité des messages, d’évaluer son niveau de langue, se méfier des liens, des demandes saugrenues ou trop tentantes et ne pas considérer qu’une adresse mail est 100% fiable. Comment se protéger ? Utilisez un logiciel bloqueur de publicités, installez un anti-virus et mettez-le à jour. Désactivez le volet de prévisualisation des messages ou lisez vos messages en mode de texte brut. Le vol des coordonnées remplace le vol de la carte bancaire Votre carte bancaire est toujours dans votre portefeuille mais vous constatez des opérations bancaires dont vous n’êtes pas à l’origine sur vos comptes ? Il faut réagir vite en contactant votre banque et la police ou la gendarmerie. Vos coordonnées ont peut-être été soutirées lors d’un achat en ligne. Sur Internet, n’achetez que sur des sites protégés par le logo cadenas en haut à gauche dans la barre de frappe dont l’adresse commence par « https ». Evitez aussi d’accepter l’enregistrement de vos coordonnées bancaires même pour un site marchand que vous fréquentez régulièrement. Si votre banque le permet, la carte à usage unique ou carte virtuelle est un bon moyen de limiter les risques, tout comme l’utilisation d’un antivirus et d’un pare-feu. Les fausses cagnottes en ligne sont en augmentation La Task Force intergouvernementale met en garde contre les appels malveillants aux dons qui se sont multipliés. Soit les cagnottes sont organisées par des entités ou des sites internet non autorisés à exercer cette activité en France, soit les escrocs tentent de recourir à des cagnottes mensongères sur des sites reconnus comme Leetchi par exemple. Il est essentiel de vérifier les informations explicatives qui accompagnent la mise en ligne et d’en vérifier l’authenticité. Gare aux placements bancaires trop alléchants L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et l’Autorité des marchés financiers (AMF) constatent, depuis plusieurs années, une recrudescence des arnaques aux placements alléchants, crédits et autres assurances. Un phénomène qui se développe particulièrement dans le contexte de taux d’intérêt bas. Source : Moneyvox